René Delépine (1894-1917) Mort pour la France
La photo, jaunie et cornée, de mon grand oncle René, porte les traces d’une vie entière passée dans le portefeuille de son frère Eugène. Les deux frères, liés par une année d’écart et une complicité sans faille, grandirent côte à côte, inséparables dans leur jeunesse. Quand la guerre éclate en août 1914, René n’a que vingt ans. Célibataire, il exerce le métier de boulanger, mitron chez un artisan de Caudry. Il confectionne également le pain pour la famille, à domicile.
Sa fiche militaire, portée sous le numéro 725, dresse un portrait sobre : cheveux châtains, yeux gris, front et nez moyens, visage ovale, aucun signe particulier. Son niveau d’instruction, noté « 2 », atteste qu’il sait lire et écrire. En raison de sa profession, il est d’abord affecté, le 22 août 1914, à la 6ᵉ section de commis et ouvriers militaires (6ᵉ Région militaire). Ces unités, chargées du ravitaillement des troupes, épargnent alors aux hommes les premiers combats. Mais lorsque Verdun réclamera son lot de chair à canon, il sera versé dans une unité combattante : Reconnu apte à l'infanterie, il rejoint le 117è Régiment d'infanterie le 12 de ce même mois, puis le 164è RI à compter d'août 1916.
Son régiment est successivement engagé dans la bataille de la Somme à la fin de l’année 1916, puis, en 1917, dans la deuxième bataille de la Marne et les combats des monts de Champagne. Parmi eux, la bataille de Moronvilliers marque un tournant tragique.
Moronvilliers, modeste village de la Marne situé à une vingtaine de kilomètres de Reims, sera rayé de la carte par les bombardements. Entre avril et mai 1917, les combats y font rage. René, devenu grenadier, se distingue par sa bravoure
Le 12 octobre 1917, il participe à un coup de main audacieux contre un ouvrage ennemi solidement défendu. Sous un déluge de grenades et d’obus, il parvient à franchir les lignes adverses. C’est au cours d’un violent corps à corps, au lieu-dit le Téton (massif de Moronvilliers), qu’il trouve la mort. Sa citation à l’ordre de la Division salue son héroïsme : « Grenadier d’une très grande bravoure. […] A pénétré dans les lignes ennemies et a été tué au cours d’un combat corps à corps très violent, infligeant à l’ennemi des pertes sérieuses. » La Croix de guerre avec étoile d’argent lui est décernée à titre posthume. d'argent..
Le 8 novembre 1917, le ministère de la Guerre établit son avis de disparition. Son corps, déchiqueté derrière les lignes allemandes, ne sera jamais retrouvé. Moronvilliers, réduit à néant, devient après-guerre une zone interdite, intégrée au camp militaire de Suippes. Chaque année, des restes de soldats sont encore exhumés dans ce secteur. Parmi eux, peut-être un jour ceux de René…C'est au cours de cette action que disparait René Delépine, le 12 octobre 1917 au Téton, massif de Monronvilliers.
Et maintenant ...
Aucune tombe ne l'accueille, mais son souvenir persiste, gravé dans la pierre : sur le monument aux morts de Montigny-en-Cambrésis, son village natal, et sur celui de Clary, où il a grandi.
Et depuis deux ans, une plaque veille sur la tombe de ses parents, Porphire et Archange Delépine , au cimetière de Clary. Une trace pour ceux qui viendront après nous.
Victor Hugo, qui connaissait le poids des absences, écrivait : « Le passé, c’est ce qui ne peut plus changer. L’avenir, c’est ce que nous pouvons encore modifier par nos souvenirs. » René n’est pasun nom perdu dans les archives. Il est un visage, une histoire, un lien entre les générations. Et tant qu’on se souviendra, il ne sera pas tout à fait parti.

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Date de dernière mise à jour : Lun 20 oct 2025
Commentaires
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- 1. Sébastien | Marques Ordinaires Le Mer 11 nov 2020
Un bel hommage à ce pauvre soldat, mort à seulement 23 ans... René aura malheureusement succombé à cette guerre attroce, fauché dans sa jeunesse comme tant d'autres.
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