Cetait au temps ...

Mélancoliques et désespérés

À travers mes recherches de faits divers dans la presse ancienne via Retronews, je suis tombée sur plusieurs cas de suicides.

En dehors des précisions sur les causes de décès, qui intéressent les généalogistes, je ne voyais pas l’intérêt majeur d’écrire un billet sur chaque évènement.

La plupart des articles de presse datent du XIXe siècle.

Après réflexion, j’ai décidé de créer une rubrique, qui les regroupera.

Auparavant, je vais tenter d’expliquer, en quelques mots, la situation et l’évolution de la médecine psychiatrique.

La Mélancolie

C’est le nom clinique donné, au XIXe siècle, à la maladie que nous appelons aujourd’hui dépression.

On entend que notre pays est, actuellement, durement touché par cette pathologie, que les Français battent des records de consommation de psychotropes en tout genre ; et pourtant, déjà  Alfred de Musset parlait de « mal du siècle, abondamment décrit dans la littérature par Chateaubriand, Flaubert ou encore Baudelaire et son célèbre « Spleen ».

Le commun des mortels, y compris les journalistes, parlait encore des fous. Pendant des siècles, on n’avait su comment soigner ces pathologies et les méthodes sont encore très empiriques.

Traitement de choc

En 1820, les psychiatres inventent la première thérapie de choc : le bain surprise. On transporte le malade,  les yeux bandés, dans une pièce où on le plonge subitement dans l'eau glacée. Le choc est censé « rebooter » son cerveau , et ramener le fou à ses sens.

La camisole de force est inventée en 1790 à l’hôpital Bicêtre. Et que dire de la chaise tranquillisante ? Rien ! L’image ci-contre est suffisamment parlante.

Dans le même ordre d’idée, existait également le gyrator , balançoire rotative.

On atta­chait le « fou » sur une planche ou un siège qu'on faisait tourner à l'aide de manivelles. On prétendait alors que la folie était due à un manque de sang dans le cerveau. À la fin du traitement, le patient était tellement étourdi que son comportement n'était plus du tout le même. La preuve était donc faite, le gyrator était l'invention du siècle !

American school dr rushs tranquilizer chair meisterdrucke 111103

Église et psychiatrie

folie et religion

La chrétienté a tenu pendant des siècles, les troubles « maniaco-dépressifs » , aujourd’hui troubles bipolaires, pour de la possession démoniaque.

L’Église brûlait les sorciers et les hérétiques, et bien des malades mentaux étaient assimilés à ces catégories.

 Aujourd’hui, justement parce qu'on a appris à connaître la maladie, les malades, la relation du couple église-psychiatrie  peut se définir comme « c’est compliqué » par la nature même de cette intrication :

En effet, chez beaucoup de personnes présentant des symptômes psychotiques, la relation fusionnelle à Dieu ainsi que la culpabilité et le châtiment éternel sont des problématiques centrales.

La chimie.

Avant la découverte des barbituriques au milieu du XXe siècle, divers traitements médicaux existaient pour  tenter de soulager les malades, avec plus ou moins de succès. Durant la première moitié du XIXe siècle, la recherche de la sédation passe par l’utilisation de substances d’origine naturelle : opium, hachisch et belladone.

La seconde moitié du XIXe siècle est celle de l’essor de l’industrie chimique, diverses substances synthétiques sont alors testées puis couramment prescrites, par exemple le bromure de potassium, dès 1851, pour soigner des manifestations aussi différentes que le delirium tremens, la paralysie ou le somnambulisme. On s’apercevra rapidement que l’utilisation régulière du bromure conduit à de sérieuses intoxications.

Le paraldéhyde , sous l’appellation commerciale Paral, se développe tout au long du XIXe siècle pour être utilisé régulièrement de 1880 jusqu’à la seconde guerre mondiale comme hypnotique, sédatif ou antiépileptique.

Enseigne pharmacie

De Charcot à Freud

Charcot, éminent clinicien de la Salpêtrière, découvre et met en lumière, grâce à l’hypnose, le fait  que pour certaines affections, des paralysies principalement, il n'y a aucune lésion organique.

Pour faire court, ces observations seront poursuivies par Sigmund Freud, alors jeune médecin assistant. C’est ainsi que naît la psychanalyse : Freud, ne se satisfaisant pas des séances d’hypnose pour le traitement de l’hystérie, décide d’écouter et de faire parler les malades atteints de pathologies mentales.

S’ensuivront toutes les professions « psy » de psychologue à psychanalyste en passant par la psychiatrie.

Rappelons ce qu’est, au plan médical, la définition de l’hystérie : « Névrose caractérisée par une tendance aux manifestations émotives spectaculaires, qui peut se traduire par des symptômes d'apparence organique et par des manifestations psychiques pathologiques (délire, angoisse, mythomanie…) »

De l'asile d'aliénés à l'hôpital psychiatrique

Dès 1838, la nouvelle réglementation psychiatrique prévoit la création d’un « asile d’aliénés » par département. Ce sont de grands établissements  fermés, vivant en quasi-autarcie, dont on ne sort pratiquement jamais dès qu'on y est interné.

Il faudra attendre 1937 pour que le terme asile soit proscrit du vocabulaire officiel pour être remplacé par hôpital psychiatrique. Le terme « aliénés » quant à lui restera en vigueur jusqu’en 1958.

Dans le département du Nord, nos malades étaient envoyés bien loin du Cambrésis, dans les Flandres, à plus de cent kilomètres, ce qui de facto entrainait la rupture avec les famille incapables de leur rendre visite.   

Armentières : créé en 1872 ( en remplacement d’un établissement antérieur) était l' asile d'aliénés destiné aux hommes que l'on disait alors "insensés".

 

Armentieres hp

Bailleul : C’est là qu’on transféra, de Lille,  l’asile départemental destiné aux femmes, en 1863. Construit par les architectes Mourcou et Marteau, il fut considéré comme le plus beau de France.

 

Bailleul hp

Vous trouverez ci-dessous une liste de noms qui évoluera au fur et à mesure de mes trouvailles. Un clic sur le nom qui vous intéresse ouvrira le lien vers l'article concernant la personne. Bonne lecture.

Poème d'Arthur Rimbaud. Illustration, peinture Cédric Brancourt.

Par milliers, sur les champs de France,
Où dorment des morts d’avant-hier,
Tournoyez, n’est-ce pas, l’hiver,
Pour que chaque passant repense !
Sois donc le crieur du devoir,
Ô notre funèbre oiseau noir !

 

20211215 111503 1

 

 

Heureuse avis

 

Un article vous a  ému, intéressé, parfois amusé ou tout simplement été utile ?

Le blog ne comporte pas de bouton « like » mais n’hésitez pas à manifester votre satisfaction  au moyen des  cinq étoiles ci-dessous. C’est une autre façon d’encourager mon travail !

Ce site comprend de nombreuses photos.

Pour une meilleures visibilité n'hésitez pas

à cliquer sur chacune d'elles afin de l'agrandir.