Famille Anselme
Certaines branches de notre arbre, discrètes, presque invisibles, le petit-bois, cachent des vies qui ont tissé, sans bruit, le fil de notre histoire familiale.
Ce dossier est dédié à ces "rameaux cachés", ces ancêtres moins connus, dont les traces s’estompent au fil des siècles, parfois effacées par la rareté des archives, d’autres fois par le silence de l’histoire.
D’où vient ce nom ?
Le nom Anselme est d’origine germanique, formé des éléments ans (dieu) et helm (protection, casque), ce qui en fait un nom chargé de sens : "protégé des dieux" ou "casque divin", selon les interprétations.
Il s’est d’abord transmis comme prénom, porté par plusieurs personnages illustres au Moyen Âge, dont saint Anselme de Cantorbéry, moine et théologien. Progressivement, comme souvent à cette époque, le prénom devient patronyme, sans doute par la désignation d’un fils ou d’un petit-fils d’un Anselme. Ce phénomène, très courant, explique que le nom Anselme soit apparu indépendamment dans plusieurs régions, sans lien nécessaire entre les familles. Sa variante Lancel viendrait d'un glissement par apocope de l'Anselme vers Lansel, la syllabe finale muette puis disparue.
Dans mon arbre, ce patronyme n’est porté que par une seule personne, Marie Anselme, ce qui en fait non pas un nom rare dans l’absolu, mais une singularité locale. Elle constitue un rameau isolé, une lignée silencieuse dont la source reste incertaine.
Où vivaient- ils ?
Le patronyme Anselme n’est pas d’origine clarysienne. Il n’apparaît pas dans les registres des paroisses environnantes avant l’installation de Marie Anselme et de son frère Jean à Clary, au tournant du XVIIe siècle.
Quelques indices laissent supposer une origine. En consultant les bases généalogiques pour la période 1500–1600, j’ai relevé des occurrences du nom Anselme à Rumilly-en-Cambrésis, à une quinzaine de kilomètres de Clary. Une autre souche semble avoir existé à Valenciennes. Il est donc possible que Marie et son frère soient issus d’une famille ayant migré, pour un mariage, une opportunité ou une acquisition de biens. Mais rien ne permet de fixer leur souche avec précision.
Rappelons que le Cambrésis, à cette époque, n’est pas encore rattaché à la France, mais fait partie des États de la maison d’Autriche, sous souveraineté espagnole. Ce territoire frontalier, traversé de tensions politiques et religieuses, est soumis à une administration et une justice distinctes du royaume. Cela peut expliquer, en partie, la rareté des sources écrites sur ces familles.
Dans mon arbre
Marie Anselme apparaît dans ma généalogie à la 11e génération, par mes branches maternelles de Clary : Delépine, Furgerot, Bugnicourt. Elle épouse Hiérosme (ou Jérôme) Beugnicourt, maître meunier à Clary, et lui donne au moins cinq enfants.
L’un d’eux, Philippe Beugnicourt, deviendra brasseur et laboureur ; il épousera Jeanne Lempereur, ce sont mes ancêtres.
Un autre fils, Jérôme, se marie en 1704 avec Cécille Hancquez. Le contrat de mariage, passé à Cambrai, éclaire le statut de la famille : Marie Anselme y cède à son fils le bail du moulin de Clary, ainsi qu’une maison avec jardin, tout en se réservant une chambre et la moitié du potager si jamais la cohabitation tournait au vinaigre. Voilà une clause révélatrice : une mère prudente, soucieuse de son autonomie.
Le frère de Marie, Jean Anselme, réside lui aussi à Clary, marié à une demoiselle Delehalle. Dans ces villages où les cousinages s’entrelacent à chaque génération, il n'es pas impossible qu’il puisse être lui aussi un ancêtre, mais je n’ai pas encore exploré cette piste. En l'état il reste un collatéral.
Dans quel monde vivaient ils ?
Vers 1650, le monde de Marie Anselme était celui d’une société profondément structurée par l’économie vivrière et la religion.
On y mangeait trois fois par jour : on déjeunait le matin, on dînait à midi, et on soupait le soir. Le premier repas consistait souvent en une soupe, un gruau de céréales, parfois du pain rassis trempé dans un liquide chaud. Le dîner et la soupe du soir étaient plus consistants, mais restaient simples.
Les jours maigres, imposés par le calendrier religieux, étaient innombrables : près de la moitié de l’année. Pas de viande les vendredis, les vigiles, les quarante jours de Carême, l’Avent... On se contentait alors de poisson, œufs, laitages. Dans notre région, cela signifiait souvent du hareng salé ou fumé. L’eau étant souvent impropre à la consommation, la bière était la boisson courante, à tous les âges, faible en alcool mais riche en calories. Nos villages disposaient de nombreuses brasseries, et dans les familles on fabriquait la bière de ménage. La bière nourrissait autant qu’elle désaltérait.
Dans les familles paysannes et artisanes, on consommait du pain de seigle ou de méteil, des légumes du jardin (choux, fèves, oignons), des fromages blancs et occasionnellement du lard ou de la volaille. Le meunier, dans ce monde, occupait une place centrale.
Dernière minute !
Une dernière piste vient d’émerger : Via Gallica, je découvre un extrait de publication de la Société d'Emulation du Cambrésis. Un acte daté du 5 février 1650, passé à Clary, mentionne un Adrien Anselme, laboureur, et son épouse Anthonnette Millo. Ils constituent une rente de 25 florins sur des terres leur appartenant, en présence des notables locaux.
Un couple Anselme à Clary, en 1650 : est-ce une coïncidence ? Ou bien les parents de Marie et Jean, dont nous savons si peu ? Il est trop tôt pour conclure, mais assez pour espérer !
Si vous avez une hypothèse, un lien, un document, ou tout simplement un avis, n’hésitez pas à le partager. Peut-être, ensemble, pourrons-nous reconstituer un peu mieux la généalogie de ce rameau caché.
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Date de dernière mise à jour : Mar 27 mai 2025
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