André Delfosse (1892-1916), Mort pour la France
Une famille de tisserands
André était le cinquième et dernier enfant d’Auguste Delfosse et de Joséphine Boulant.
Le plus jeune d’une fratrie de quatre garçons et une fille, né à Bertry, ce village du Cambrésis où le tissage à bras, du lin et du coton, rythmait les journées.
Son père, Auguste, fils d’un immigré venu de Belgique, appartenait à la première génération installée en France. Ouvrier appliqué, il tissait avec constance et régularité, sept jours sur sept. Puis, un matin, entre 1892 et 1906, la famille prit la route de Paris — ou plutôt de sa banlieue industrieuse : Puteaux. Furent-ils débauchés par les grandes manufactures qui cherchaient des mains habiles, ou bien décidèrent-ils de tenter l’aventure d’eux-mêmes, comme tant d’autres ouvriers rêvant d’un avenir meilleur ? Rien ne permet de le dire, mais en 1907, la fille de la famille, Rosalie Delfosse, se marie à Puteaux : preuve que le clan s’y est enraciné.
Auguste, le père, change plusieurs fois de métier au gré des besoins et des hasards : journalier, forgeron, mécanicien, puis, à la fin de sa vie, distillateur. Ce parcours en dit long sur ces existences d’adaptation, où l’on ne choisit pas toujours... mais où l’on se relève toujours.
André de Bertry à Puteaux, de Puteaux à Verdun
Le benjamin, reste encore quelque temps à Bertry : en 1906, on le recense garçon boulanger. Mais déjà, la capitale appelle. En 1911, il est à Puteaux, marchand de quatre saisons, l’un de ces petits métiers du pavé, ambulant parmi les cris du marché.
Puis vient l’usine : il entre dans l’industrie textile, cette fois comme teinturier, renouant à sa manière avec la fibre familiale.
Lorsque la guerre éclate en août 1914, André a 22 ans et est célibataire. Il est mobilisé au 170ᵉ régiment d’infanterie.
Au printemps 1916, son régiment est engagé dans la bataille de Verdun, dans le secteur de La Caillette – Souville, non loin de Douaumont. Les combats y sont d’une extrême intensité : les hommes doivent tenir les positions sous un bombardement constant, défendre chaque tranchée conquise et repousser les tirs d’enfilade. Le 170ᵉ subit de lourdes pertes, mais son courage lui vaut l’inscription « Verdun 1916 » sur son drapeau.
C’est dans ces conditions qu’André Delfosse trouve la mort, le 26 avril 1916, tué par éclat d’obus.
Il est cité à l’ordre de la division :
« A par son courage et son sang-froid contribué largement à la conservation d’une tranchée conquise
en établissant un barrage protégeant les occupants contre les feux d’enfilade. »
Derrière cette phrase un peu grandiloquente, se cache une autre réalité : une famille éplorée, un jeune homme de vingt-quatre ans qui n’aura pas eu le temps de revenir à Puteaux, ni à Bertry, ni d’achever sa vie d’homme.
Son nom n’apparaît pas sur le monument aux morts de Bertry. Il est inscrit à Puteaux, au cimetière nouveau, où la famille avait pris racine Ainsi, la mémoire d’André Delfosse s’est enracinée loin de son village natal, mais l’acte de décès, transcrit à Bertry, rappelle qu’il fut avant tout un enfant du pays, tombé à Verdun le 26 avril 1916.
Un fils du Nord, parti trop tôt.
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Date de dernière mise à jour : Ven 17 oct 2025
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