Eugène Laminette, 1895-1915
Il avait à peine dix-neuf ans. À cet âge où l’on commence à peine à vivre, la guerre l’a fauché sans retour.
Eugène Laminette était né à Bertry, le 10 septembre 1895, dans la maison de ses grands-parents maternels. Pas par hasard, mais par le choix de sa mère, Julie Lefèbvre, revenue enfanter au village, alors que le couple habitait Paris.
Il était l’enfant du milieu, ni l’aîné attendu, Louis, né sept ans plus tôt, ni le benjamin choyé, Maximilien qui naîtrait à Paris en 1901. Eugène était et restera celui qu’on n'oubliera pas, parce qu'il veille sur les deux autres dans le silence de l'éternité.
Son père, également prénommé Eugène, gardien de la paix à Paris, et sa mère Julie Lefebvre, élevèrent leurs trois fils dans la capitale. L'année 1914 commence par des vœux de paix "ce qu’on peut souhaiter de mieux, au début de cette année qui s’ouvre, pour l’Europe et pour le monde, c’est douze mois de paix" écrit la presse. L'état d'esprit, en janvier, n'est pas particulièrement alarmiste, il ne semble pas que la prochaine guerre paraîsse ineluctable.
Le 26 mai 1914, le jeune homme qui exerce le métier de menuisier, s'engage pour quatre années dans le Régiment des Sapeurs Pompiers. Les parents etaient déjà peut-être moins serains de voir partir leur fils vers l’uniforme. En février 1915, la guerre a déjà pris des allures d’abattoir, le soldat Laminette passé caporal est versé au 11e Régiment d'Infanterie.
Le 9 mai 1915, Eugène est porté disparu lors des combats de Roclincourt, sur le front de l’Artois. Il est caporal au 11e Régiment d’Infanterie. Ce jour-là s’ouvre la Seconde bataille d’Artois, vaste offensive orchestrée par le général Joffre pour tenter de reconquérir la crête de Vimy et Notre-Dame-de-Lorette. Une attaque de grande ampleur, déclenchée à l’aube.
À Roclincourt, plusieurs régiments montent en ligne dans la nuit du 8 au 9 mai. L’objectif : déloger les Allemands de Thélus. Mais sur ces 300 mètres de terrain dévasté, les troupes françaises se heurtent à des lignes défendues par quatre régiments prussiens et vingt sections de mitrailleuses. La position est imprenable et le 88e RI sera anéanti.
Les pertes sont terribles. Ce jour-là, 5 100 hommes sont tués, blessés ou portés disparus dans le secteur. Parmi les disparus, Eugène Laminette. On ne saura jamais s’il est tombé d’un coup, ou s’il a agonisé dans la boue d’un no man’s land effacé des cartes. Porté disparu : cette formule cruelle qui signifie souvent que la terre, elle-même, n’a rien voulu rendre.
La croix de guerre lui sera accordée et une citation à l'ordre de l'Armée.
"Est tombé bravement, en entrainant ses hommes du geste et de la parole"
Il reste en creux dans la mémoire de ses proches, dans les papiers d’archives, dans une photo et un nom gravé au monument aux morts de notre village. Nous nous souvenons aujourd'hui de ce jeune homme de dix-neuf ans qui n’a pas eu le temps de devenir celui qu’il aurait pu être.
Au plan généalogique Eugène Laminette était un petit cousin de ma grand-mère Gabrielle Fruit, par la branche Taine, et un petit-cousin de mon grand-père Marc Lenglet par les Louvet.
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Date de dernière mise à jour : Sam 10 mai 2025
Commentaires
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- 1. Catherine Livet Le Sam 10 mai 2025
Encore un malheureux jeune homme dont la vie a été sacrifiée. -
- 2. Bruneau Le Ven 09 mai 2025
Encore une vie bien en trop courte
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