Porphyre Delépine x Archange Furgerot
Porphyre
Porphyre Delépine naît à Clary le 19 mars 1866, dans un foyer modeste mais solide. Son père, Adolphe Prosper Delépine, venu au monde en Belgique, à Cordes, avait traversé la frontière entre 1830 et 1840, rejoignant comme tant d’autres ces terres du Nord où le travail ne manquait pas, dans les briqueteries, les champs ou les ateliers de tissage. Il s’y établit durablement, y fonde une famille avec Séraphine Dussaussois son épouse, Porphyre en est le troisième enfant sur quatre.
Mais la stabilité est souvent trompeuse. La mère de Porphyre s’éteint prématurément en 1877. Il n’a que 11 ans, un âge vulnérable où la douleur de la perte se grave profondément. Le jeune garçon deviendra homme dans un monde où la tendresse n'est pas de mise. Il s’oriente naturellement vers le métier de tisseur, dans la tradition familiale et le contexte économique local. Il exercera aussi, quelques temps, la profession de boulanger, installé entre les deux guerres à la briqueterie de la route de Bertry – souvenir rapporté dans Clary à travers notre histoire d’Henri Montigny.
À sa mort, survenue le 17 mai 1945 à l’âge de 79 ans, le silence prédominait. Un silence épais, lourd, qui ne doit pas être mal interprété. Ce n’était pas la pudeur d’un chagrin contenu. C’était autre chose. Car derrière la façade de briques et les volets clos se sont jouées, dans l’intimité du foyer, des tragédies tues, des blessures profondes infligées à celles qui auraient dû être protégées. Des faits dont la mémoire familiale ne peut se défaire, même lorsqu’ils ne sont pas inscrits dans les registres. On ne parle pas ici d’erreurs ou de faiblesses humaines, mais d’un manquement impardonnable à l’essentiel.
Il est des ancêtres que l’on chérit. Et il en est d'autres dont on porte la trace comme une cicatrice. Porphyre fait partie de ceux-là. Il laisse une ombre, non un héritage. Et s’il figure aujourd’hui dans cette chronique, c’est pour que les voix longtemps tues ne soient pas tout à fait oubliées.
Archange
Archange Furgerot naît à Clary le 9 novembre 1868, dans une modeste maison où l’on vit du tissage, comme tant d’autres foyers du Cambrésis. Elle est la fille aînée d’Émile Eugène Furgerot, tisseur, et d’Archange Lecompte, dont elle hérite le prénom, comme un doux présage.
Elle épouse Porphyre Delépine le 30 novembre 1889, et selon l’expression populaire, « ils ont fêté Pâques avant les Rameaux » : leur première fille, Félicie, voit le jour dès le mois de juin suivant. De cette union naîtront douze enfants entre 1890 et 1908, dont dix survivront, ce qui, pour l’époque, tient presque du miracle. Archange est ménagère – c’est ainsi qu’on la désignait alors –, mais derrière ce mot modeste se cache une vie de labeur, d’organisation, de soins prodigués sans relâche à sa ribambelle d’enfants.
Elle s’éteint en 1942, en pleine guerre, dans un pays coupé en deux, fracturé par l’Occupation. Ses enfants et petits-enfants, réfugiés en Bretagne, n’obtiendront pas l’autorisation de franchir la ligne interdite pour venir à ses obsèques. Ce chagrin-là resta longtemps niché dans les cœurs : celui de ne pas avoir pu lui dire adieu.
Ses petits-enfants chérissaient dans leurs souvenirs, une grand-mère douce et aimante, une présence apaisante au cœur d’un quotidien souvent rude. Elle portait bien son nom, disait-on : la grand-mère Archange, c’était un ange, tout simplement.
La famille habitait
rue des potiers à Clary (recencement 1906)
- - Félicie (1890-1959)
- - Charles Eugène (1891-1969)
- - Eugène (1893-1970) Mon grand-père maternel
- - René (1894-1917)
- - Maria (1898-1981)
- - Marie (1899-1899)
- - Léon (1900-1905)
- - Porphyre "dit Adolphe"(1902-1973)
- - Julien (1903-1981)
- - Oladie (1904-1993)
- - Marie Archange (1906-1981)
- - Cyrille (1908-1994)
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Date de dernière mise à jour : Dim 18 mai 2025
Commentaires
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- 1. Jean-Christophe Le Dim 18 mai 2025
Tu en as parlé…
(Je n’arrive pas à écrire autre chose…) -
- 2. Catherine Livet Le Sam 17 mai 2025
Drôle d'histoire ! -
- 3. VERONIQUE ESPECHE Le Sam 17 mai 2025
Décédé en 1945, il est -en effet- un peu tôt dans le temps pour développer les actes cachés derrière les volets clos ... Les silences de ceux qui restent parlent d'eux-mêmes
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