Cetait au temps ...

Rémi Lenglet épouse Rose Langlet, 18 novembre 1835

18 novembre 1835

Copie de creme et marron photo hotel cheque cadeau

Il y a cent quatre-vingt-dix ans aujourd’hui.

 le 18 novembre 1835.

Balayés par les vents d’automne,  Rémi LENGLET,  et sa promise Rose LANGLET se dirigeaient vers la maison commune.

 Ils passaient devant l’officier d’état civil de Troisvilles pour formaliser leur union, puis à l'église Saint-Martin de Troisvilles pour la sceller devant Dieu et les hommes.

 

 

Rémi Métasse

Métasse ? Kesako ?

Un alias improbable, énigme héritée des sobriquets d’antan. Nos ancêtres se plaisaient à affubler leurs voisins de noms imagés, parfois affectueux, souvent taquins, toujours déroutants nos contemporains.Derrière ce Métasse se cachait donc Rémi Lenglet, l’arrière-grand-père de mon grand-père Marc. Il aura fallu une passion familiale tenace, transmise de génération en génération, pour que cette minuscule anecdote franchisse plus d’un siècle et parvienne jusqu’à moi.

Rémi était cordonnier. Encore un. À se demander si le talent pour façonner le cuir ne coulait pas dans les veines des Lenglet.

Avec sa sœur Élisa, de deux ans sa cadette, ils apprirent  trop tôt la fragilité de l’existence : en 1814, leur père, Rémy Lenglet, mulquinier mourut à seulement 26 ans. À cette époque, on pouvait périr d’un rien : une fièvre mal soignée, une infection, une mauvaise blessure. Sa femme, Marie-Anne Hutin, fileuse habile, l’assistait au métier . Veuve à vingt-quatre ans, avec deux enfants de quatre et deux ans, elle se retrouva brusquement sans ressources dans un pays encore secoué par la fin de l’Empire et les difficultés économiques. Pour survivre, elle quitta Bertry et gagna Cambrai, ville prospère où le travail domestique ne manquait pas. Elle trouva une place de lingère. C’est ainsi, par nécessité plus que par choix, que la petite famille s’installa en ville.

Cordonnier

Rose Joséphine Langlet

La promise, elle, venait d’un autre monde : Elle habitait Troisvilles auprès de ses parents, Théophile Lenglet — ou Langlet, l’orthographe a tant valsé au fil des registres que je renonce à trancher et Adélaïde Cardon. Un couple d’agriculteurs. Contrairement à Rémi, Rose grandit dans une maisonnée nombreuse, avec deux sœurs et deux frères.

Comment ces deux jeunes gens, l’un installé à Cambrai, l’autre vivant à Troisvilles, en étaient-ils venus à se rencontrer ? On l’ignore mais on peut en déduire, que malgré l’éloignement, Marie Anne Hutin et ses enfants, avaient conservé des attaches profondes à Bertry. Sans cela, jamais leurs chemins n’auraient pu se croiser. L’étrange coïncidence de leurs noms, Lenglet et Langlet, avait peut-être fait naître un sourire, une connivence, un prétexte à conversation. Un clin d’œil du destin ?

Quant au repas de noces… nul ne sait ce qui figurait sur la table, mais espérons que l’ambiance y fut plus sereine que les débats de l’époque. On dit aujourd’hui qu’il faut éviter certains sujets lors des réunions de famille ; en 1835, sous la monarchie de Juillet, c’était presque une règle de survie. Entre légitimistes, bonapartistes et républicains prêts à s’étriper pour un avis trop tranché, mieux valait se concentrer sur la soupe chaude et le pain frais.

1830

En famille

Le couple s’établit à Bertry, lui fidèle à son cuir, exerçait son métier de cordonnier, tandis que Rose, gardienne du foyer, veillait sur l’ordinaire. Moins d’un an plus tard, leur premier enfant vit le jour : Emerile Alfred, mon aïeul, déjà évoqué dans un précédent article (lien). Puis vint Rose Joséphine, prénommée comme sa mère ; elle ne se maria jamais et s’éteignit en 1924, à l’âge vénérable de quatre-vingt-cinq ans, témoin silencieuse d’un siècle en pleine mutation.

En 1845 naissait Orense, dont le destin se perdra dans la tourmente de 1871, porté disparu à une date indéterminée dans la guerre contre les prussiens. Deux autres fillettes— Clémence et Flore — petites étoiles trop tôt éteintes, seront emportées dès l’enfance.

La famille habitai alors voie de Guise. Elle était propriétaire, d’ une maison avec jardin et pâture ; c’est aussi là que Rémi tenait son échoppe de cordonnier, une boutique minuscule où l’odeur du cuir tanné, de la colle chaude et du feu de bois se mêlait en un parfum reconnaissable entre mille — un petit royaume où où, au fil des ans, défilaient les familles du village, celles qui grandissaient, celles qui s’éteignaient. Rémi, depuis son établi, voyait passer les générations comme d’autres voient passer les saisons.

 Aujourd’hui, ce coin de Bertry, désormais intégré à la rue du 11-Novembre, a depuis longtemps cédé la place à un parking d’usine.

Cadastre maison remi lenglet

Rue du 11 novembre

L’ultime chapitre avant l’ère moderne

Rose s’ éteindra en 1884. Rémi la suivra en 1888.

Ils ne verront que les prémices d’un quotidien qui change tout doucement, par petites secousses successives : ces années-là, les syndicats deviennent enfin autorisés ; le divorce, interdit depuis 1816 est rétabli. Un scandale pour certains, une délivrance pour d’autres. Et, se met en place une petite révolution administrative : le fameux livret de famille, né de la difficulté, à reconstituer l’état civil parisien après l’incendie de l’Hôtel de Ville, lors de la Commune.

Ainsi se referme un chapitre discret, mais essentiel de notre histoire familiale — un chapitre sauvé de l’oubli grâce à un simple sobriquet : Métasse

Jlenglet lenglet

Date de dernière mise à jour : Jeu 20 nov 2025

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ce site comprend de nombreuses photos.

Pour une meilleures visibilité n'hésitez pas

à cliquer sur chacune d'elles afin de l'agrandir.