Cetait au temps ...

Florentin Lefort (1810-1871)

Aujourd’hui, 24 octobre, on célèbre la Saint-Florentin.
C’est l’occasion d’évoquer l’un de mes aïeux, Florentin Lefort,
mon ancêtre à la sixième génération, le grand-père de mon arrière-grand-mère Marie Tamboise.

« Le XIXe siècle ouvrira les portes de l’avenir à deux choses : la science et le travail. […] Le travail, c’est la loi même de la vie. » Victor Hugo

Florentin Lefort vient au monde en 1810, sous le règne de Napoléon Ier. Le blocus continental asphyxie l’économie : les tisserands, déjà précaires, voient leurs commandes se raréfier. Fils de Théophile, mulquinier, il hérite d’un savoir-faire menacé. À 20 ans, il devient tisseur — un métier qui nourrit à peine son homme, mais qui résiste.

Florentin grandit dans une France changeante — Revolution,  Empire, Restauration, Monarchie de Juillet —, un pays en quête d’équilibre après tant de secousses. En 1830, les Trois Glorieuses ébranlent le trône, tandis qu’à Montigny les métiers reprennent leur cadence. Bientôt la peur d’un mal invisible traversera le pays. Deux ans plus tard, le choléra fait son apparition — on dit qu’il avance comme un vent noir venu d’Asie, qu’il s’infiltre dans l’eau, dans les maisons, jusque dans les campagnes. Les cloches sonnent plus souvent pour les morts que pour les mariages.

En février 1840, il épouse Ambroisine Halle, fileuse. Autour d’eux, la France de Louis-Philippe est un volcan : crises ministérielles, attentats, peur d’un nouveau conflit européen. Ensemble, ils auront cinq filles, mais la mort de leur benjamine, Léonie, nous rappelle la fragilité de la vie dans une époque où la médecine balbutie encore. Les décennies s’enchaînent : instabilité politique, révolution de 1848, coup d'état du 2 décembre 1851 et bientôt la guerre de 1870, qui voit s’effondrer le Second Empire.

Mais le siècle n’apporte pas que des tempêtes : l’appertisation préserve les aliments, la photographie fixe les visages, le chemin de fer rapproche les villes, et les métiers à tisser mécanisés commencent à concurrencer les artisans. Le code pénal et le système métrique, adoptés sous l’Empire, structurent désormais le quotidien.

Florentin ne verra pas l’ère industrielle triompher. Il meurt en 1871, alors que la France, vaincue par la Prusse, entre dans une nouvelle ère. Pourtant, son histoire est celle d’une génération : celle qui a vécu la fin des corporations, l’émergence des usines, et la lente transformation d’un pays rural en société moderne. Son épouse lui survivra 18 ans. Sans archives intimes, Florentin incarne les anonymes qui ont traversé les soubresauts du XIXe siècle. Son métier, ses choix, sa famille dessinent les contours d’une époque où chaque avancée se payait en sueur — et parfois en sang.

Non, décidément, la vie du temps de Florentin ne fut pas un long fleuve tranquille. Il n’a laissé ni lettres ni portraits. Mais son histoire, comme celle de tant d’autres, est gravée dans ces mots de Zola : « On ne peut pas dire que le peuple soit heureux. Il a trop faim, il travaille trop, il ignore trop de choses. »

Image famille lefort

 

 

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Date de dernière mise à jour : Ven 24 oct 2025

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