Sulpice Edme, 23 septembre 1902
Renversé par le progrès
En ce temps-là, la bicyclette suscitait une véritable fascination.
Quelques téméraires se rêvaient déjà champions d’un nouveau sport quand un bon nombre en restait effrayé. Le risque de chutes brutales et les accidents spectaculaires faisaient régulièrement la une des journaux, qui s’en délectaient autant qu’ils les redoutaient.
Enfin, beaucoup louaient cette invention qui permettait de se déplacer rapidement par la seule force de ses muscles et de gagner un temps précieux .
Sulpice Edme, fabricant à Maurois, homme sérieux s’il en fut, se rendant au Cateau pour ses affaires était de cette dernière catégorie. Il n’était pas de ces casse-cous du dimanche : Il pédalait d’ordinaire avec mesure, la dignité vissée au chapeau et la moustache au vent.
Mais ce jour-là, devant affronter une côte assez pentue, il tenta de prendre le maximum d’élan… c’est alors que la mécanique, perfide, décida de se rebeller. Las ! au passage à niveau de la route de Cambrai, La chaîne, sortit du pignon et s’enroula dans la fourche, bloquant net l’élan du cycliste.
Et voilà notre homme, lancé à vive allure, projeté par dessus de sa monture, Son vol se termina, contre le mur de la maison Soufflet.
Le Saviez-vous ?
À la Belle Époque, la bicyclette n’était pas seulement un moyen de transport : c’était une révolution sociale à deux roues.
Invention française, perfectionnée dans les années 1860 par Pierre Michaux, qui eut l’idée d’ajouter des pédales à la roue avant du vélocipède, elle allait rapidement conquérir le monde.
Ouvriers, postiers, instituteurs, dames élégantes et prêtres s’y mettaient tour à tour — parfois avec plus d’enthousiasme que d’équilibre. La mécanique, encore capricieuse, avait ses traîtrises,
les chutes étaient fréquentes.
Après la Première Guerre mondiale, le terme « vélo » s’imposa naturellement dans le langage courant. Plus court, plus familier, il devint le mot des ouvriers, des paysans, des enfants — bref, de tous ceux pour qui la bicyclette n’était plus un luxe, mais un compagnon du quotidien.
La mésaventure d’un industriel à bicyclette
Les témoins, médusés, accoururent à la rescousse.
Transporté chez M. Soufflet, notre malheureux cycliste reçut les premiers soins. Assommé, il resta inanimé trente minutes avant de reprendre ses esprits, en présence du Docteur Goffart. Ce dernier, en homme consciencieux, ordonna sans hésiter la pose de sangsues sur le flanc droit du patient — sans doute par crainte d’une hémorragie interne, pour chasser le mauvais sang, comme on disait alors.
On alla chercher sa voiture — entendez, sa voiture à cheval, pas l’une de ces effrayantes automobiles dont on commençait tout juste à parler — pour le reconduire chez lui, un peu cabossé mais vivant.
Le fabricant avait eu plus de peur que de mal.
Repères généalogiques
Sulpice Edme, est né à Bertry, rue de Clary, le 26 février 1874 de Eucher Edme et Juliette Pulchérie Lagouge, tous deux originaires de Maurois.
Après le décès de la mère, Eucher et ses enfants repartiront vivre à Maurois à une date indéterminée entre 1898 et 1906.
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Date de dernière mise à jour : Jeu 02 oct 2025
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