Fruit, Poulain, Bertry, Caudry
Cetait au temps ...

Famille Charles Antoine Fruit x Thérèse Poulain

Les fils de ma trame et du temps

Dans l’arbre généalogique, certaines branches se croisent, se nouent, se répondent, comme les fils d’une toile ancienne.

Charles Antoine FRUIT et Thérèse POULAIN en sont l’illustration parfaite : 

À travers eux, se rejoignent les familles LOUVET, TAINE, HAIME, DELHAYE, PRUVOT, MONIER… Dans les rues de Bertry, les cousins se cachent partout. Les branches de nos arbres ne cessent de s’entrelacer. Les liens se resserrent et se multiplient.

Voici Charles Antoine FRUIT fils  Célestin FRUIT et Anne Ambroisine BASQUIN,

et son épouse, Thérèse Poulin troisième enfant d’Anglebert Poulin et de Célina Lanniaux.  

Fruit charles antoine et therese poulain 2

Charles

Charles Antoine naît en 1854 à Bertry, benjamin d’une fratrie de sept enfants, dont trois mourront en bas âge. Ses parents, Célestin FRUIT et Anne Ambroisine BASQUIN, appartiennent à ces familles eu Cambrésis où il faut souvent cumuler deux métiers pour vivre. On tisse, bien sûr, mais on complète les revenus autrement : certains ouvrent un petit cabaret, d’autres cultivent un lopin de terre, d’autres encore font des travaux saisonniers chez les grands exploitants.
Célestin et Amboisine sont égaement cabertiers Les revenus des métiers ne suffisent pas, et il faut bien trouver d’autres moyens de vivre.  A B ertry, les estaminets fleurissent dans chaque rue, lieux d’échanges et de rencontres, où l’on sert la bière du pays pour arrondir les fins de mois, mais aussi du genièvre et de l'absynthe.

La fin d’un âge d’or

Charles grandit dans un monde en pleine mutation. L’âge d’or de la mulquinerie — cet art raffiné de tisser les fines toiles de lin — appartient désormais au passé. Pendant des générations, les familles bertrésiennes vivaient du tissage de ces étoffes légères, réputées dans toute la région. Mais au milieu du XIXᵉ siècle, le vent tourne : la laine puis le coton remplacent peu à peu le lin, entraînant des bouleversements dans les modes de production.

Autrefois, les tisseurs travaillaient souvent dans l’humidité des caves, car le lin exigeait une atmosphère particulière pour ne pas casser. Avec le coton et les nouveaux métiers, les ateliers remontent à la lumière du jour. L’hygiène de vie s’améliore un peu… mais tout a un prix.

La course à la mécanisation

Les progrès techniques imposent leurs lois. Les métiers traditionnels, hérités des générations précédentes, ne suffisent plus. Les tisseurs doivent investir dans des équipements plus performants : acheter un métier plus rapide, plus solide, plus moderne. Et pour cela, il faut s’endetter.

L’histoire de la famille FRUIT illustre parfaitement cette évolution.
Le grand-père de Charles Antoine, cultivateur-mulquinier, partageait encore son temps entre les champs et le tissage. Mais peu à peu, les lopins de terre disparaissent, vendus pour financer l’achat de métiers plus coûteux. La génération suivante, celle de Célestin, abandonne presque entièrement l’activité agricole : le tissage prend le pas sur le labour.

Pourtant, les fins de mois restent fragiles. Beaucoup, comme Célestin et tant d’autres, doivent encore compléter l’hiver par le tissage et reprendre les travaux saisonniers agricoles l’été : moissons, battages, récoltes. Dans le Cambrésis, on ne peut se permettre de négliger la terre, même quand le métier de tisseur occupe déjà toutes les heures du jour.

Thérèse

Thérèse naît en 1859 à Bertry, troisième enfant d’Anglebert Poulin et de Célina Lanniaux.

Dans les registres de l’état civil, Thérèse porte le patronyme Poulin.
En effet, à Bertry, l’histoire des noms réserve ses subtilités : Poulin et Poulain ne désignent pas la même souche familiale. Deux lignées différentes, deux histoires parallèles, même si leurs noms se frôlent à une lettre près.
Ce n’est donc pas un simple jeu d’orthographe… quoique, un jour, un mariage Poulain x Poulin est bien venu entremêler les deux branches. Et là, pour le coup, on pourrait vraiment dire qu’ils se sont 'emmêlés dans la même trame' !"

Thérèse naît dans un environnement où les traditions du textile s’enracinent profondément. Depuis le XVIIᵉ siècle, le Cambrésis est réputé pour ses toiles fines, sa mulquinerie et son savoir-faire qui font vivre la majorité de la population. Ici, le métier à tisser — qu’on appelle l’otil — n’est pas un simple outil de travail : c’est un héritage. On se le transmet de génération en génération, comme un bien précieux, au même titre que la terre ou la maison.
Avec l’otil, passent aussi les gestes : la tension du fil, le rythme du battant, la patience infinie devant la toile qui se forme, presque silencieusement, sous les doigts.
Mais bientôt, le progrès technique rendra ces métiers anciens obsolètes. La mécanisation imposera de nouvelles règles, brisera parfois les équilibres familiaux, et condamnera peu à peu ces otileurs d’autrefois à repenser leur vie.

Dans ce village du Cambrésis, aux petites maisons de brique, Thérèse voit ses journées rythmées par le claquement des métiers, les allées jusqu’au puits pour puiser l’eau, le poêle à entretenir,  les longues lessives qui font chauffer les bras et le linge qu’il faut étendre dans le jardin, sur les fils tendus entre deux piquets, même en plein hiver. Le linge y gèle parfois, raide et craquant sous la morsure du froid.

 

10 avril 1881

Le 10 avril 1881, Thérèse épouse Charles Antoine Fruit. Elle a vingt-deux ans, lui vingt-sept. Cinq mois plus tard, leur premier enfant voit le jour, puis les autres naissent avec la régularité d’un métronome, tous les deux ans : quatre enfants au total, qui grandissent au milieu des cliquetis des navettes et des odeurs de lessive, dans une maison modeste mais vivante.

Pourtant, le monde change vite, et les efforts d’adaptation ne suffisent pas toujours. Malgré la transmission des savoir-faire, malgré la volonté de préserver une indépendance artisanale, Charles et Thérèse finissent par céder. Comme beaucoup d’autres familles du Cambrésis, ils doivent quitter Bertry à la fin du XIXᵉ siècle et rejoindre Le Cateau, où les grandes filatures et notamment la maison Seydoux offrent un emploi plus sûr, mais au prix d’un renoncement : celui de leur autonomie.

Ainsi, à la charnière de deux mondes, Charles et Thérèse rejoignent Le Cateau avec leurs quatre enfants. Désormais, le bruit des navettes cède la place au grondement des métiers mécaniques, au rythme imposé par les contremaîtres, à la poussière de coton qui s’accroche aux poumons et aux vêtements. Leur vie change de visage : de tisseurs indépendants, ils deviennent ouvriers dans l’une des filatures Seydoux.

Pour Charles, le changement est radical : il abandonne le métier de tisseur pour devenir peigneur. Ses mains, habituées à guider les fils de lin sur l’otil, apprennent désormais à démêler les longues mèches de laine et de coton, à préparer la matière avant qu’elle ne passe sur les métiers mécaniques.
Un autre rythme, un autre monde : non pas que les tisseurs à domicile fussent totalement maîtres de leur temps — les donneurs d’ordre imposaient déjà leurs délais —, mais ici, c’est la machine qui dicte la cadence, implacable, sourde, continue.

les années passent

Malgré les épreuves, Charles et Thérèse voient grandir leur famille. Tous deux auront la chance de marier leurs quatre enfants et de connaître la joie d’accueillir leurs petits-enfants.
Mais ce bonheur est entaché par une douleur profonde : leur fils benjamin, Jules, ne reviendra pas de la Grande Guerre. Comme tant d’autres garçons de Bertry, il tombe au champ d’honneur, emportant avec lui les espoirs d’une génération sacrifiée.

Pour Charles et Thérèse, cette perte laisse une cicatrice que rien n’efface. Pourtant, ils continuent d’avancer, entourés des leurs, portant à la fois la mémoire de Jules et l’avenir de leurs descendants.Charles Antoine s’éteint en 1937, à l’âge de 83 ans. Deux ans plus tard, en 1939, Thérèse le rejoint.
Ils ont vécu une époque de bouleversements : la fin de la mulquinerie, la mécanisation, l’exode vers l’usine, la guerre… Et malgré tout, ils ont su transmettre un héritage bien plus précieux que leurs métiers ou leurs terres : le fil de la mémoire, celui qui nous relie encore à eux aujourd’hui.

Quatre enfants et des pages à venir

De leur union naissent quatre enfants :

Marie-Louise (1881), mariée à Édouard BRÉAS en 1904.

Charles Célestin (1883), époux d’Henriette LEFÈVRE.

Hélène Thérèse (1885), mariée à Jules DEVIMEUX.

Jules (1887), mort pour la France en 1918.

Leurs histoires, déjà riches et pleines de rebondissements, seront développées dans des chapitres séparés. Ici, nous laissons Charles et Thérèse au centre de leur foyer, entourés de leurs enfants et des changements d’un monde en mouvement.

Marie-Louise Fruit :

née à Bertry le  1881, elle épousera Edouard BREAS, facteur, à Le Cateau en 1904.

Le couple aura 3 enfants : André, Marcel et Marie-Thérèse.

la jeune Marie-Thérèse que les anciens bertrésiens ont bien connu sous son nom marital Mme Eloi, la grand-mère de Jean-Claude Taisne.

Mariage m louise fruit xbreas

Charles Célestin

né à Bertry le 8 mars 1883. Il épousera Henriette Lefevre. le couple aura 4 enfants : Marie-Louise, Charles Henri, Thérèse, et Marcel (né Jules

Charles celestin fruit   Le couple commerçant, tiendra "Les magasins Belges" à Caudry dans les années 60.Henriette lefevre epouse fruit

Hélène Thérèse

Née à Bertry le 16 janvier 1885, elle épousera 1906 Jules Devimeux. Le couple aura 2 enfants : Maurice et Robert. 

les époux Devimeux passeront une partie de leur vie en chine. Jules Devimeux, ingénieur, participera à la construction du chemin de fer chinois.

Mariage helene fruit x devimeux

Jules

Né à Bertry le 17septembre 1887, il épouse en 1911, en 1ères noces Adèle Dislaire à Le Cateau, son épouse décède en 1912,  Jules se remarie en 1914 avec Céleste Adolphine BASQUIN.

 

Il meurt le 28 juillet 1916, Le couple n'aura pas d'enfant.

voir Jules FRUIT MORT POUR LA FRANCE

Mariage jules fruit x celeste adolphine basquin

 

Heureuse avis

 

Merci pour cette lecture. L' article vous a  ému(e), intéressé(e),  amusé(e) ou tout simplement été utile ?

Ecrivez-moi un petit commentaire, Seul le nom (initiales ou pseudo) est obligatoire. Si vous souhaitez que je vous contacte, pensez-à renseigner votre e-mail, je suis toujours heureuse d'échanger.

Le blog ne comporte pas de bouton « like » n’hésitez donc pas à manifester votre satisfaction en attribuant les cinq étoiles ci-dessous. C’est une belle façon d’encourager mon travail ! 

 

Date de dernière mise à jour : Mar 02 sept 2025

  • 13 votes. Moyenne 5 sur 5.

Ce site comprend de nombreuses photos.

Pour une meilleures visibilité n'hésitez pas

à cliquer sur chacune d'elles afin de l'agrandir.