Célestin Dascotte x Olive Delépine

A la recherche d'un sujet pas trop triste pour terminer l'année, mon esprit potache m'a attirée vers Olive et Célestin. C'est la seule raison de mon choix, mais je n'ai pas eu à le regretter. Au départ je ne disposais que d'une seule information, leurs lieux et dates de naissance.

Tous deux sont nés en 1859, à un mois d'intervalle, à  Clary, petit village du Cambrésis, Chef-lieu de Canton. Les archives du village ayant été détruites lors de la première guerre mondiale, nous ne disposons que de reconstitutions sommaires des actes d'état civil  sans grand intérêt.

Olive DELEPINE, née le 3 février 1859, est la cousine de mon arrière-grand-père. C'est la première génération d'enfants nés sur le sol français, la famille est arrivée de Belgique quelques décennies auparavant, son père "César" (pour l'état civil Prosper Cesar) a épousé, en 1856, une clarysienne Séraphine COLLARD.

Olive est l'aînée des trois filles du couple, suivent Adolphine (1866-1900) qui épousera Gustave LEDUCQ et Eudoxie (1871-1963) qui épousera Louis GABET

Célestin DASCOTTE, né le 26 janvier 1859, est issu d'un famille arrivée à Clary depuis 4 générations. Le patronyme interpelle, il n'est pas très répandu en dehors du Nord de la France et de la Belgique. Le plus ancien que j'ai pu trouver est Pierre DASCOTTE né  à Viesly  vers 1649, mort à Cattenières vers 1715. Aucun site consacré à la généalogie ne s'aventure à émettre une hypothèse sur l'origine du nom. Alors, pourquoi pas d'Ascot, petite ville proche de Londres.

Olive DELEPINE et Célestin DASCOTTE  "se disent oui devant Dieu et devant les hommes" le mardi 26 février 1884 en l'église Saint Quentin de Clary

 L'église, construite sur un terrain meuble en raison de  souterrains,

subira un affaissement de sol qui obligera à abattre le clocher

 pour le reconstruire dans un matériau moins lourd.

C'est le clocher Art Déco tel que nous le connaissons, en béton ajouré.

Revenons-en à nos jeunes mariés. Olive est sans profession, Célestin exerce le métier de facteur. C'est le premier fonctionnaire de la famille !

Dans un premier temps, Célestin a été tisseur, comme ses parents, mais la profession décline et, en parallèle, les années 1880/1900 marquent un tournant dans l'histoire de la fonction publique. On recrute beaucoup dans l'administration des "Postes et Télégraphes". Les effectifs sont  multipliés par 5 : De 5000 facteurs en 1840, la France passe à 25000 en 1900. Célestin, qui possède son certificat d'études va tenter sa chance. C'est en 1882, à 23 ans, qu'il entre dans les Postes et Télégraphes pour 37 ans de carrière.

Facteur était à l'origine un métier urbain, quand seules les grandes villes du royaume se modernisaient.  Puis la fonction devient majoritairement rurale dans une France essentiellement agricole.  La première affectation de Célestin sera rurale, avant de pouvoir "monter" à la ville.

La fonction offre des perspectives de carrière intéressantes. Un facteur, par le biais des concours, peut terminer sa carrière à un poste de direction. Nous pouvons ainsi reconstituer le parcours de Célestin à travers diverses coupures de presse où il apparaît, comme  facteur, sous chef-facteur, chef-facteur.

Mais les débuts sont difficiles. Le facteur de la belle époque ne bénéficie pas de la considération de ses concitoyens, il est plutôt considéré comme un domestique et traité comme tel : salaire faible et activité intense. A pied ou parfois à vélo, sa tournée quotidienne, avant l’apparition du repos dominical (après 1919), est une institution, un sacerdoce lorsqu'il doit parcourir environ une moyenne de 32 kilomètres chaque jour dans les campagnes jusqu’à la Première Guerre mondiale.

C'est à Ligny en Cambrésis, village déjà important de 2146 habitants, que Célestin obtiendra son premier poste.

 Et que, rue de la Croulière, Olive mettra au monde leur unique enfant , un fils, Raymond né le samedi 29 mai 1886.

Un peu plus de 10 années s'écoulent, et l'on retrouve Olive et Célestin à Douai,  où il sera témoin au mariage de son cousin par alliance, Cyrille DELEPINE en janvier 1898. C'est une promotion et un  énorme changement de vie, Douai est une ville de plus de 30 000 habitants en 1900.

Leur fils Raymond, de la classe 1906 est matricule 690 du bureau de recrutement de Cambrai, hélas les registres sont manquants et nous ne pouvons pas reconstituer son parcours militaire.

Raymond, est électricien. Est-ce dans le cadre de sa profession ou lors d'un déplacement privé, qu'en 1913 il fait la connaissance d'une  jeune fille : Lucienne Noel de Oisy le Verger. Il a 27 ans, elle n'a pas encore 20 ans lorsqu'elle "tombe enceinte".

Ils vont régulariser leur situation par un mariage deux mois avant la naissance de l'enfant : Ils se marient à Oisy le Verger le 21 mars 1914 à 7h du soir. Célestin et Olive sont absents. Il se sont contentés de donner leur consentement par courrier. Aucun membre de la famille non plus parmi les témoins, cela ressemble à un "mariage à la sauvette".

Le jeune couple s'établit à Douai, c'est au 52 du Bd Vauban que naît le 26 mai 1914, Jean, petit-fils d'Olive et Célestin.

Comme toutes les familles ils subiront les angoisses et les privations de la guerre

 Seul témoignage : la carte de combattant de Raymond  

1926 :Nouvelle source de soucis pour Célestin et Olive : le ménage de leur fils qui "battait de l'aile" est dissous par un divorce . Raymond se remarie avec Mariette DOLPHEN également divorcée la même année. Raymond a 45 ans sa nouvelle épouse en a 30. Cette seconde union ne durera que 11 années et sera liquidé par un divorce en novembre 1937.

Leur unique petit-fils Jean fera la fierté de ses grand-parents : il est bon élève, très bon élève même. Il obtient sa première partie de baccalauréat en juillet 1930 à 16 ans, la seconde, l'année suivante en 1931. De là, il obtient une bourse et intègre "l'X", la prestigieuse école de Polytechnique .

Jean sera fait prisonnier dans le conflit suivant, mais ses grand-parents ne seront plus là pour vivre cette nouvelle épreuve :

Le jeudi 10 septembre 1936 Olive pousse son dernier soupir à l'ancien hôpital de l'Hôtel-Dieu,  8, place du Dr Maugin à Douai. Elle a 77 ans.

Célestin, son époux lui survivra un an. Il décède le 16 octobre 1937 à leur domicile au 17 rue de la tour des dames.

Quelle sera la vie de Raymond entre son second divorce en 1937 et son décès le 26 juin 1975 ? Il n'est pas impossible qu'il se soit remarié une troisième fois. Ce n'est pas son acte de décès qui nous l'apprendra, celui-ci ne fait même pas état de son divorce et de son 2è mariage.

Lors de la seconde guerre mondiale  Jean DASCOTTE, est Lieutenant au 15è Régiment d'Artillerie.

En 1939, le 15è RI est caserné à Douai. Il combattra en Belgique et dans le valenciennois, Vieux- Condé, Maubeuge etc. pour terminer le 29 mai à Zuydcoote près de Dunkerque . Jean sera fait prisonnier avant la fin du périple il sera transféré et incarcéré à l'Oflag IV D , un camp d'officiers prisonniers de guerre de 1940 à 1945 en Allemagne, à 50 km au nord-est de Dresde.

En 1947 le Journal Officiel nous apprend la promotion de Jean au grade de capitaine. Il épouse Huguette Anne Marie LE SERREC à Paris le 13 juin 1953.

Dans les années 60, Plusieurs brevets déposés par lui  pour la "International Standard Electric Corporation, New York, N.Y." nous apprennent qu'il est inventeur.

Il décède à Versailles le 1er août 1994 (source INSEE) Une vie toute en discrétion, je n'ai trouvé aucune photo, aucune généalogie.

Un grand merci à mes amis du forum  39/45 le monde en guerre qui m'ont apporté les informations relatives à Jean Dascotte.

Un grand merci  à ceux qui m'ont aidée à retrouver certains actes d'état civil et plus particulièrement Projet Genealo

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