Cetait au temps ...

Théophile Taine et le château-d 'eau

Transportons-nous à Bertry ( Nord) en 1928.

Un ouvrage d’art est en construction : il s’agit du château d’eau.

Voilà qui ne manque pas d’animer le village, et d’alimenter les conversations

De l’eau courante dans toutes les maisons, comme à la ville ? On n’est pas près de voir ça ! Et combien ça va nous coûter ? Et est-ce qu’il y en aura dans toutes les rues ? Et qu’est-ce qu’ils vont mettre dans l’eau ? Et, et, et…

L’eau est pourtant un élément incontournable de la vie de tous les jours, mais voilà, fussent-ils pour un bien, les bouleversements dans la vie des villageois ne vont pas sans crainte.

Même si elle arrive dans les grandes villes au 19e siècle, l’eau courante est loin d’être la règle en France avant la seconde moitié du 20e siècle. En 1930, seulement 23 % des communes disposent d’un réseau de distribution d’eau potable à domicile. Les Bertrésiens peuvent s’enorgueillir d’être dans cette catégorie.

Dessin Canva cuisine

Baquet en zinc

Vous aurez tous l’eau « au robinet » ! Effectivement, pour la plupart des villageois, le mot robinet s’écrit au singulier, avoir un point d’eau dans la cuisine sera déjà un net progrès. La salle de bain n’existe pas, et la cabane au fond du jardin, figure le prototype des « toilettes sèches » en vogue chez certains écolos du XXIe siècle.

Les traditions concernant la propreté et les soins du corps n’évolueront que fort lentement et de façon indépendante du progrès technique. Au début du siècle pourtant, surtout après la Grande Guerre, on enseigne la propreté à l’école, au régiment, dans les cours d’éducation ménagère. Propreté du corps, du linge, des vêtements, du logis, des aliments. De la théorie à la pratique il y a un gouffre.

Jusqu’alors, il fallait tirer l’eau du puits ou de la borne-fontaine publique et ensuite l’amener à la maison seau après seau.

C’était souvent une tâche dédiée aux enfants, d’autant plus pénible qu’à défaut de seau en bois, on y allait avec un récipient en poterie déjà lourd. Les seaux en métal sont un confort du XIXème siècle.

 Les membres du foyer ne profitaient du baquet, cuveau en bois qui servait de baignoire, que le dimanche matin, les autres jours chacun se contentait d’une toilette hâtive, la plupart du temps à l’évier de cuisine

jean valjean et cosette

Un moment historique

théophile Taine au chateau d'eau

 

Une famille a conscience de vivre un moment historique, nous la retrouvons immortalisée par une photo devant l’édifice en construction.

Il s’agit de Théophile TAINE, 70 ans, ses deux filles Judith, l’aînée 32 ans, épouse de Raymond Vadet, et Léa, 24 ans qui a épousé Jean Baptiste Dufour un an plus tôt.

L’adolescent est Alfred Vadet, enfant adopté par Judith et Raymond. Le couple habite habituellement Paris où Raymond est boucher.

Est-ce que tout le monde est réuni en raison du décès de Judith Dufour, leur mère et l’épouse de Théophile morte fin juillet 1928 ?

Simple hypothèse.

 

 

Taine theophile famille

L’eau courante arrivera rapidement jusque chez mes arrière-grands-parents au 10 de la rue Lazare Carnot.

Emile Fruit signera un bon de commande, en date du 12 décembre 1929, pour l’installation de l’eau potable à son domicile.

Devis eau 001

Facture eau 001

Il faut croire que l'affaire revêtait une importance particulière puisque près de 100 ans plus tard, devis et facture ont été conservés. Pour un montant total, installation plus raccordement, de 1489,65 Frs, ce qui correspondait à un peu plus de deux mois de salaire, n'était-ce pas un considéré comme :

"la folie des grandeurs !"

Images 3

 

Retour au XXe siècle

Confort, hygiène mais aussi gaspillage ont totalement changé notre rapport à l’eau.

En un peu plus de 100 ans, les besoins en eau sont passés de 5 à 10 litres par jour et par habitant à 149 litres, seuil aujourd’hui stabilisé et qui tend même à décroitre lentement, grâce à une prise de conscience collective.

J’ai oublié d’où me vient cette photo.

Je l’avais publiée il y a 6 ans sur le groupe Facebook « T’es un vrai bertrésien si… » pour savoir qui étaient ces personnes. Sans succès. Puis, cette semaine, une réponse a été postée sur la page.

Je remercie infiniment Mr Jacques Defossez pour avoir identifié les personnages de la photo, membres de sa famille.

Accessoirement, Geneanet m’a trouvé 57 liens de parenté avec Théophile Taine.

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Date de dernière mise à jour : Sam 18 mai 2024

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Commentaires

  • J.Arpin
    • 1. J.Arpin Le Mar 21 mai 2024
    Merci pour tout ce travail fort intéressant.
    Jacqueline
  • Catherine Livet
    • 2. Catherine Livet Le Sam 18 mai 2024
    L'eau, ce bien si précieux, source de toute vie.
  • Fanny-Nésida
    • 3. Fanny-Nésida Le Sam 18 mai 2024
    Et oui la richesse d'un point d'eau, cela a transformé la vie des familles au début du 20e
  • Alain THIREL DAILLY
    Merci pour ce beau RDVAncestral. Quelle chance, et je sais de quoi je parle, quand on est doté d'une belle collection d'archives et de photographies d'époque.
    Un mot, une photo, un objet et hop, nos ancêtres revivent !
    Et puis, il faillait bien un peu d'eau pour mettre dans son vin ;-)
  • Jean-Luc Marcel DUMOULIN
    • 5. Jean-Luc Marcel DUMOULIN Le Ven 17 mai 2024
    Né à la caserne en avril 1951, on traversait la cour pour aller chercher l'eau à la pompe de l'autre côté de la rue Delory. Je me rappelle pas si on prenait le "bain" le dimanche ou le samedi, pas important, mais je pense plutôt que c'était le samedi, car le dimanche il fallait s'avancer jusqu'à l'église.
    Quand à la salle de bains, on a profité de la première de notre lorsque nous avons emménagé dans notre nouvelle maison, construite par la Maison familiale de Cambrai, au 24 rue de la Paix, pas loin de l'école Jules Leroux.
    Pour aller aux WC, la nuit c'était "popot" à vider à la "cabane au fond du jardin" comme dirait l'ami Francis d'Astafort... Dans la journée c'était bien sur au même endroit bien ventilé, pas de besoin de VMC. Le disque du compteur électrique ne s'affolait pas à cette époque !
    Je dirais que c'était la belle époque relativement à celle actuelle et avec tout ce qu'elle comporte...
    • Dominique LENGLET
      • Dominique LENGLETLe Sam 18 mai 2024
      Merci pour ce témoignage de notre jeunesse.

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