Cetait au temps ...

E comme Eylau (Bataille)

Eylau

Tous ça pour rien ...

Cette fois ce n’est pas la guerre qui s’invite chez nous, ce sont nos petits gars venus de France qui vont crapahuter pendant plus de 1500 km. Ils partent pour la campagne de Pologne.

Une telle opération ne s’improvise pas. Elle a été programmée dès l’entrée victorieuse dans Berlin en octobre 1806. Sachant que les Russes vont venir au secours des Prussiens, Napoléon entend profiter de son avance, ne pas laisser à l’ennemi le temps de s’organiser. Comme toujours, la meilleure des défenses n’est-elle pas l’attaque ?

Son objectif : porter l’estocade au printemps.

Pour ce faire il fait appeler par anticipation la conscription de 1807, soit 80 000 hommes, il envoie des contingents provenant des pays satellites de l’empire. Imaginez le parcours que doivent effectuer les troupes levées en Italie ! Afin de nourrir et d’équiper tout ce monde, il organise sur le parcours des dépôts de vivres et de vêtements.

Dans le même temps, l’Empereur et sa Grande Armée quittent Berlin pour remonter sur la Pologne.

Les conditions météo ne sont pas favorables : La pluie ayant succédé au gel, pendant d’interminables jours, ils avancent dans un véritable bourbier, traversent des cours d’eau sur des rondins branlants. Ils doivent aider les chevaux à tirer les pièces d’artillerie et tenter d’empêcher les fourgons de verser.

De plus, le ravitaillement est insuffisant, la population indifférente quand elle n’est pas hostile, les cantonnements sont misérables. Les grognards grognent ! De plus en plus souvent aux cris de « vive l’Empereur » se mêlent « du pain ! du pain ».

Fin janvier le temps est redevenu sec. Les Russes, habitués aux mauvaises conditions météorologiques ont avancé plus vite que prévu et lancé l’offensive.

Je ne m’attarderai pas sur les détails de la bataille dont le bilan est effroyable. On dénombre 47 000 morts ou blessés sur le terrain. Pour l’Empereur c’est gagné certes, mais c’est une victoire à la Pyrrhus.

Ney s’exclamera : « Quel massacre ! Et tout cela pour rien ! »

Dans mon arbre

800px guard grenadier at eylau

« Amis, il faut vaincre ou mourir aujourd'hui.

Beaucoup d'entre nous y resteront sans doute ; mais dût-il n'en retourner qu'un seul pour porter la nouvelle, l'honneur du corps et celui de notre étendard seront saufs. ».

 

Dans mon arbre : 

Le premier auquel je pense est mon collatéral de Clary, le sergent Joseph FURGEROT, il fera toutes les campagnes. Un article lui est consacré ICI.

Je voudrais en citer quelques autres, qui me sont plus ou moins apparentés.

De Bertry :

Ferdinand HERBET né le 5 février 1786 de Ferdinand et Marie France CROISETTE. A participé aux campagnes. Conscrit de 1806. Entré à l'hôpital le 27 aout 1809. Rayé des cadres pour absence prolongée le 31 mars 1810.

De Troisvilles :

Romuald HELOIR, dit Jamel, né le 6 février 1786 de Jean Pierre et Marie Jeanne BRICOUT. Entré à l’hôpital de Marienwerder (Prusse) le 27 avril 1807, il y succombe le 9 mai 1809.

De Montigny :

François COLPAIN, né le 3 octobre 1886 de François et Françoise PIGOU. Il mourra à Wagram le 7 juillet 1809, d’un coup de fusil reçu à la tête.

 

La légende des sièces

Hugo cimetiere

Extrait du poème de Victor Hugo

— Une bataille, bah ! savez-vous ce que c'est ?
De la fumée. À l'aube on se lève, à la brune
On se couche ; et je vais vous en raconter une.
Cette bataille-là se nomme Eylau ; je crois
Que j'étais capitaine et que j'avais la croix ;
Oui, j'étais capitaine. Après tout, à la guerre,
Un homme, c'est de l'ombre, et ça ne compte guère,
Et ce n'est pas de moi qu'il s'agit. Donc, Eylau
C'est un pays en Prusse ; un bois, des champs, de l'eau,
De la glace, et partout l'hiver et la bruine.
Le régiment campa près d'un mur en ruine ;
On voyait des tombeaux autour d'un vieux clocher.
Bénigssen ne savait qu'une chose, approcher
Et fuir ; mais l'empereur dédaignait ce manége.
Et les plaines étaient toutes blanches de neige.
Napoléon passa, sa lorgnette à la main.
Les grenadiers disaient : Ce sera pour demain.
Des vieillards, des enfants pieds nus, des femmes grosses
Se sauvaient ; je songeais ; je regardais les fosses.
Le soir on fit les feux, et le colonel vint,
Il dit : — Hugo ? — Présent. — Combien d'hommes ? — Cent-vingt.
— Bien. Prenez avec vous la compagnie entière,
Et faites-vous tuer. — Où ? — Dans le cimetière.
Et je lui répondis : — C'est en effet l'endroit.
J'avais ma gourde, il but et je bus ; un vent froid
Soufflait. Il dit : — La mort n'est pas loin. Capitaine,
J'aime la vie, et vivre est la chose certaine,
Mais rien ne sait mourir comme les bons vivants.
Moi, je donne mon cœur, mais ma peau, je la vends.
Gloire aux belles ! Trinquons. Votre poste est le pire. —
Car notre colonel avait le mot pour rire.
Il reprit : — Enjambez le mur et le fossé,
Et restez là ; ce point est un peu menacé,
Ce cimetière étant la clef de la bataille.
Gardez-le. — Bien. — Ayez quelques bottes de paille.
— On n'en a point. — Dormez par terre. — On dormira.
— Votre tambour est-il brave ? — Comme Barra.
— Bien. Qu'il batte la charge au hasard et dans l'ombre,
Il faut avoir le bruit quand on n'a pas le nombre.
Et je dis au gamin : — Entends-tu, gamin ? — Oui,
Mon capitaine, dit l'enfant, presque enfoui
Sous le givre et la neige, et riant. — La bataille,
Reprit le colonel, sera toute à mitraille ;
Moi, j'aime l'arme blanche, et je blâme l'abus
Qu'on fait des lâchetés féroces de l'obus ;
Le sabre est un vaillant, la bombe une traîtresse ;
Mais laissons l'empereur faire. Adieu, le temps presse.
Restez ici demain sans broncher. Au revoir.
Vous ne vous en irez qu'à six heures du soir. —
Le colonel partit. Je dis : — Par file à droite !
Et nous entrâmes tous dans une enceinte étroite ;
De l'herbe, un mur autour, une église au milieu,
Et dans l'ombre, au-dessus des tombes, un bon Dieu.

 

Date de dernière mise à jour : Sam 05 nov 2022

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Commentaires

  • Aline DOLE
    Merci de nous faire revivre l'Histoire à laquelle ont pu participer nos ancêtres
  • Hervé Fauve
    Je suis toujours impressionné par les parcours de ces soldats delà grande armée. On devine combien leurs conditions de vie ont dues être dures en dehors même des batailles.
    Pour ma part je suis impressionné par le nombre de parents qui ont participé à l’aventure Napoléonienne, je suis sûr que vous allez en trouver d’autres…

    Bonnes recherches
  • Jean-Christophe
    • 3. Jean-Christophe Le Sam 05 nov 2022
    Napoléon remporte la défaite d’Eylau et, très affecté, passe 8 jours sur le terrain. Il écrira « Cette boucherie passerait l'envie à tous les princes de la terre de faire la guerre. »
    On est loin de cette citation qu’on lui prête et dont je ne suis pas sûr qu’il l’ait prononcée « Une nuit de Paris réparera tout »
    • Dominique LENGLET
      • Dominique LENGLETLe Sam 05 nov 2022
      Merci Jean-Christophe de tes commentaires toujours éclairés et pertinents.
  • Céline Blaise Wolf
    • 4. Céline Blaise Wolf Le Sam 05 nov 2022
    Un très bel article. Pour les hospitalisations chez les Prusses, un recueil les répertorie ? Car très belle information. Bravo ! C'est pour cette bataille que les troupes de Napoléon traverse la Bérézina ?
    • Dominique LENGLET
      • Dominique LENGLETLe Sam 05 nov 2022
      Céline, Merci pour ton commentaire. A Elyau on est encore dans une dynamique de victoire. la Berezina c'est 5 ans plus tard

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