Benoit Fruit et Aurore Bricout
Benoit Fruit, mon arrière-grand-oncle, naît à Bertry le 20 avril 1859, au sein d'une famille de tisseurs profondément ancrée dans l’histoire du village. Fils de Célestin Fruit et Virginie Sophie Taine, il est le quatrième enfant de la fratrie. Outre ses frères Léonard et Emile Fruit, deux figures importantes déjà évoquées sur ce blog, Benoît compte deux sœurs aînées : Sophie, qui épousera Charles Hutin et fera sa vie en région parisienne, et Virginie, qui restera vieille fille.
À vingt ans, Benoit passe devant le conseil de révision qui le déclare apte au service ; il est encore sous le coup du régime du tirage au sort. Toutefois, comme son frère Léonard, enrôlé pour cinq ans, effectue son service militaire, Benoit est dispensé de service actif sur le fondement de l’article 17. Il effectuera néanmoins des périodes d’instruction obligatoires dans les années suivantes, s'acquittant ainsi de son devoir envers la France.
Benoit est tisseur, comme l’étaient ses parents, et les parents de ses parents, dans l’inlassable reprise du fil, génération après génération. Depuis les mulquiniers du XVIIe siècle, ces tisseurs de fine toile de lin ont fait la fortune du Cambrésis, et le métier n’a guère évolué. Le garçonnet, comme ses frères et sœurs, connaît l’apprentissage dès la sortie de l’enfance. Le tisseur passe une grande partie de sa journée devant un métier à bras pour fabriquer de la laine, du coton ou de la soie.
Le 22 octobre 1887, Benoit, à 28 ans, unit sa vie à celle d'Aurore Bricout, une jeune femme de Bertry âgée de 27 ans, ce qui est relativement tard pour l’époque. Aurore, benjamine d’une fratrie de huit enfants, connaît probablement des responsabilités familiales dès son plus jeune âge. Il est possible qu’elle ait eu à prendre soin de ses parents. Sa mère, Védastine Seignez, décède en juillet 1887, trois mois avant son mariage.
Benoit et Aurore s'installent rue du Moulin, dans la maison qui deviendra le foyer de leur famille. Leur premier fils, Emile, naîtra en 1889, puis Georges en 1893.
Aurore est une femme autoritaire et déterminée, qui gère les finances du foyer d’une main de fer.
Son caractère difficile sera encore accentué par la perte de leur fils Emile, son enfant préféré, mort de tuberculose pendant la Grande Guerre et non reconnu « mort pour la France ». La douleur accentuera son amertume envers Georges, son second fils, à qui elle reprochera presque sa santé et son appétit de vivre. Benoit, dans ces moments difficiles, trouvait du réconfort auprès de son frère Emile, avec qui il partageait ses tourments.
Aurore, malgré son autorité, n'était pas sans faiblesses. Dotée d’un physique ingrat, elle louchait, un léger handicap qui, sans doute, a joué sur son caractère durant sa jeunesse. Derrière son image sévère, se cachait une femme accablée par la perte, et sans doute plus fragile qu'elle ne le laissait paraître.
Benoit meurt tragiquement à Bertry en juillet 1935, des suites de contusions internes après avoir été bousculé par un taureau en allant cueillir des champignons. Georges, son fils, qui a épousé Aline Valet et s'est installé à Caudry, prend alors sa mère avec lui, car elle ne peut plus vivre seule. Aurore meurt deux mois seulement après son mari.
Articles sur cette famille :
Emile Fruit, né en 1889, voir page détaillée : Emile Fruit "non mort" pour la France.
Georges Fruit né en 1893, voir page détaillée : Georges Fruit x Aline Valet.
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Date de dernière mise à jour : Mar 22 avr 2025
Commentaires
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- 1. Françoise Degenne Le Lun 21 avr 2025
On a presque envie de plaindre Aurore, peu gâtée par la nature, qui perd son fils préféré. Mais ça n'a pas dû être facile tous les jours pour son mari et son autre fils...-
- Dominique LENGLETLe Mar 22 avr 2025
C'est exact. C'est bien pourquoi j'information est parvenue jusqu'à moi, via mes grands-parents.
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- 2. VERONIQUE ESPECHE Le Lun 21 avr 2025
Difficile de sourire après la perte d'une enfant
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