Cetait au temps ...

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Henri Debaker Desbac (1850-1889) Bertry

En février 1889, alors que l’hiver avait déposé son manteau neigeux sur les campagnes du Cambrésis, un homme trouva une mort tragique sur le chemin menant de Maurois à Bertry.

Ce drame met en lumière des réalités qui ont perduré jusqu’à l’aube du XXe siècle. Les infrastructures routières rudimentaires, des chemins plus que des routes, et la marche comme principal mode de déplacement, quelles que soient la rigueur des frimas.

Article écrit dans le cadre du Geneathème de janvier 2025 : L'hiver en généalogie.

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Hiver fatal 1889 :

Henri Desbac était un solide gaillard, dur à la tâche et bon vivant. Célibataire, il travaillait comme bûcheron, un métier éprouvant, mais indispensable dans une région où le bois servait autant au chauffage qu’à la construction. Les habitants des campagnes, habitués aux rudes conditions de vie, devaient régulièrement braver la neige, la pluie ou le vent pour accomplir les tâches les plus banales.

Se confronter aux éléments, parcourir à pied les quelque trois kilomètres qui séparent Maurois de Bertry n’était pas pour effrayer notre homme de 38 ans. l'hiver battait son plein, la neige était tombée à gros flocons, couvrant le sol sur plusieurs centimètres. De jour le spectacle était ébouissant. Cette blancheur, au moindre rayon de lune, rendait la nuit si lumineuse.

Le 10 février 1889, après avoir passé une soirée « bien arrosée » à Maurois en compagnie de son frère cadet Jules, les deux hommes entamèrent, sur le coup de minuit, le retour vers leur domicile à Bertry. Comme à l’accoutumée, ils empruntèrent la route parfois peu délimitée et recouverte de neige. En chemin, Henri s’arrêta pour satisfaire un besoin pressant, laissant son frère continuer sans lui. Ce fut la dernière fois qu’il fut aperçu vivant.

Le lendemain matin, un habitant du village, Élie Lefèvre, croisa le corps d’Henri, étendu dans la neige, inerte. Malgré une tentative pour alerter les secours, il était trop tard : il ne put être ranimé. Si l’hiver n’était pas exceptionnellement rude, une nuit passée dehors exposé aux températures glaciales, avait probablement suffi à entraîner l’hypothermie et la mort de l’homme en état d’ivresse.

 

Freres debaecker bertry deces fevrier 1889

La famille Debaker :

Debaker x Fontaine

Henri Desbac, d’après l’état civil, était né en 1850 à Bertry d’une famille belge venue d’Ath, en Wallonie, s’installer dans le Nord après 1847. Pierre Debaker et son épouse Désirée Fontaine, alors parents de cinq enfants, en avaient perdu trois en bas âge quand ils prirent la douloureuse décision de migrer.

À cette époque, beaucoup de familles belges furent attirées par les opportunités économiques qu’offrait la région Nord Pas-de-Calais en pleine mutation. Ouvriers agricoles, bûcherons, mineurs ou tisserands, ces migrants participèrent au développement économique de la région. L’industrialisation des villes du Nord ayant siphonné une partie de la population des campagnes, les Belges comblaient le vide laissé par l’exode rural. L’appel de main-d’œuvre se faisait pressant, la population française ne suffisait plus.

Toutefois, leur intégration ne fut pas de tout repos. Victimes de préjugés et parfois de xénophobie, ces immigrés durent souvent affronter l’hostilité de leurs voisins et compagnons de travail. Les Belges, acceptant de travailler plus longtemps et à moindre coût, étaient accusés par les travailleurs français d’être des briseurs de grève jouant le jeu des patrons. 

Les Debaker, bien qu’ayant vécu pendant plusieurs générations en région francophone, portaient dans leur patronyme les traces d’une ascendance flamande. En effet, Debacker, et ses variantes, vient du flamand de Bakker qui signifie le boulanger. À leur arrivée en France, ils n’eurent aucune peine à franciser leur nom, puisqu’Henri, premier né sur notre sol est déclaré à l’état civil, Henri Desbac, sans autre forme de jugement ni tracasserie administrative.

ouvriers belges en France

Que sont-ils devenus ?

L’aîné Emmanuel, a gardé l’orthographe Debacker, après avoir épousé une bertrésienne, Virginie Tourneur, le couple et leurs cinq enfants sont partis vivre à Anor dans l’Avesnois, au début des années 1880.

Adèle Philomène Debacker, a épousé Henri Seignez en juillet 1865, ils venaient d’avoir une petite fille, Joséphine. La jeune mère est décédée l’année suivante. Henri Seignez s’est remarié et le nouveau couple est parti s’établir à Puteaux en région parisienne.

Jules Desbacq, est le benjamin, né en 1855. Une nouvelle fioriture a été apportée au patronyme par l’ajout du "q" final. Il est noté comme étant célibataire dans l’article de journal, c’est inexact, il a épousé Julie Hiboux en 1886, et légitimé par ce mariage les six enfants déjà nés hors union.

Julie Desbacq

L’aîné de ces enfants, Jules né en 1874, épousera Irma Lemaire. Le couple aura cinq enfants dont Julie Desbacq, épouse d'Eugène RICHARD dit « Bonnet Blanc », que notre génération a bien connue.

S’il est une belle preuve d’intégration de cette famille dans le paysage bertrésien, c’est que le lieu-dit Bois de Montauville, au bout de la rue Viviani, est devenu pour nous tous, le « Bois Desbacq ».

On suppose que la jeune femme présente sur la photo est bien Julie Desbacq

 

Bois de montauville desbacq 1

 

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Commentaires

  • BANSE JEAN MARIE
    • 1. BANSE JEAN MARIE Le Lun 27 jan 2025
    Madame bonjour,
    Tout d'abord, je tiens à cous féliciter et à vous remercier pour la richesse de votre site. Natif de Beauvois en Cis, depuis quelques années, j'essaie de réaliser mon arbre généalogique. De nombreux ancêtres étaient Mulquiniers, et c'est en recherchant la définition que j'ai trouvé votre site. Lors de ma seconde visite, je me suis aperçu de l'existence de votre dernier billet relatif à Henri Desbac
    Irma Lemaire était mon arrière grand mère maternelle. Fille mère d'une enfant prénommée Jeanne, ma grand mère. Jeanne fut reconnu par Jules Desbacq lors du mariage, mais la plaça comme fille de ferme dans la cense du Bois Tinet à Beauvois.
    Durant ma jeunesse, lors des vacances chez mes grands parents, je passsais mes journées au Bois de Montauville et saluait a l'aller et au retour Tante Julie
    Merci encore pour ces excellentes anecdotes.
    • Dominique LENGLET
      • Dominique LENGLETLe Mar 28 jan 2025
      Merci beaucoup pour ce témoignage
  • Briqueloup
    Quand même son frère aurait pu l'attendre ou s'inquiéter de le laisser en arrière. L'alcool est dangereux, un soir d'hiver glacial.
    • Dominique LENGLET
      • Dominique LENGLETLe Lun 27 jan 2025
      Va savoir ce qu'il s'est réellement passé sur fond d'alcool. On n'a que l'article de journal et le témoignage embrumé du frérot ç la gendarmerie.
  • andre douay
    • 3. andre douay Le Dim 26 jan 2025
    un lien avec la grande maison des Debacq - Rue du Nouveau Monde - une dame âgée y habitait dans mon jeune temps !
    • Dominique LENGLET
      • Dominique LENGLETLe Dim 26 jan 2025
      oui, je pense qu'il n'y a qu'une seule famille portant ce patronyme
  • eric taton
    • 4. eric taton Le Sam 25 jan 2025
    Bonjour
    descendant de Pierre Debacker (via la souche anorienne), je vous remercie énormément pour cet article qui nous donne un aperçu de ces gens.
    MERCI
    Eric Taton
    • Dominique LENGLET
      • Dominique LENGLETLe Dim 26 jan 2025
      C'est un réeel plaisir d'avoir pu vous toucher. Merci
  • Petits cailloux
    Très intéressante, la contextualisation socio-économique d'un triste fait-divers. Et où l'on voit que les préjugés "anti-etrangers" ont toujours sévi et contre tous...
  • Catherine Livet
    • 6. Catherine Livet Le Sam 25 jan 2025
    Cette mort me fait froid dans le dos, surtout qu'elle me rappelle celle d'un homme que j'ai bien connu lorsque j'étais très jeune, retrouvé mort de froid, coincé sous son tracteur, sur une route de campagne enneigée.
  • Christiane Bruneau
    Bravo , tu t'en es bien tirée !

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