Bertry, Louvet, Lenglet, Delphaye
Cetait au temps ...

Canonier

Aimable Delhaye

Aimable Joseph DELHAYE voit le jour  le dimanche 12 mars 1775. Eglise N D de la Visitation Bertry

A Bertry, petit village de quelques 1500 âmes en 1770, situé en Cambrésis.

Il est le fils de Philippe DELHAYE, 27 ans,  et d'Anne Thérèse LOUVET 32 ans, modeste couple de mulquiniers, (tisserands en batiste)

A sa naissance il a une sœur Anne Thérèse âgée de 3 ans (1772-1806) viendront ensuite deux autres filles, 

Anne Sophie (1778-1781), puis une demi-soeur, Adeline Josephine (1810-1814), au remariage de son père avec Anne Lenglet.

À la veille de la Révolution Française les armées royales sont recrutées  par enrôlement volontaire et racolage ou par un recrutement fort impopulaire des troupes provinciales -appelées milices- le tirage au sort.Tirage au sort

Dès le 16 décembre 1789, l'Assemblée  propose que la Garde nationale se recrute exclusivement par engagement. Ce système étant tout à fait en accord avec les principes de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. C'est le début de l'ère des volontaires .

On assiste à un véritable engouement patriotique en 1792 lorsque est déclarée "La Patrie en Danger". Pour l'instant le nombre des engagements est encore suffisant car la France n'est pas encore en guerre. Mais les choses ne vont pas tarder à se gâter.  La fougue, l'enthousiasme, ne suffisent pas à combler un manque de formation,  la pénurie de matériel et la maigre solde.

Aimable et sa famille ont vu la révolution arriver et bouleverser la vie du village, depuis le recensement du 27 septembre 1790, se succèdent les nouveaux représentants de citoyens. En 1791, les biens des communautés religieuses et des anciens seigneurs ont été confisqués. Certains villageois, effrayés par la violence et craignant pour leur intégrité physique font le choix de quitter le pays. Aimable n'a que 18 ans. Il fait connaîssance de la Terreur.

Le 20 février 1793, la Convention, décrète que tous les citoyens de 18 à 40 ans, non mariés ou veufs sans enfants, sont mis en état de réquisition permanente à hauteur de 300 000 hommes renouvelables. Un tableau de répartition fixait le contingent pour chaque département. Cet appel est complété par l'appel de 300 000 gardes-nationaux. La durée des obligations militaires n'est pas prévue car on est  " en réquisition permanente pour le service des armées, jusqu'à celui où les ennemis auront été chassés du territoire de la République".

Sous la révolution, le tirage au sort persiste et les miliciens sont appelés «défenseurs conscrits», ou plus simplement «conscrits».

Aimable a-t-il tiré un mauvais numéro ou était-il volontaire, toujours est-il qu'il se retrouve canonnier dans l'armée de la République.

Or l'armée de la République traverse une mauvaise passe : au Nord les coalisés prussiens, autrichiens menacent d'invasion. Après plusieurs tentatives infructueuses face aux Autrichiens du général Kaunitz, les soldats réussissent le 18 juin 1794 à franchir la Sambre au niveau de Charleroi. Après un siège d'une semaine, les Français s'emparent de la ville le 25 juin 1794. S'ensuit la victoire de Fleurus.

 La France est sauvée de l'invasion. C'est le début de la seconde annexion des Etats de Belgique.

Les troupes du Général Moreau, Commandant en Chef de l'Armée du Nord, sont réparties dans la ville de Bruges et Gand, pour s'y reposer des fatigues et des maladies essuyées dans cette courte mais pénible campagne.

Blessure, maladie ? nous n'en savons rien. Le bulletin de décès ne le précise pas. Vous noterez que ce bulletin est rédigé au nom de "Dellet" en lieu et place de Delhaye Aimable Joseph, le canonnier de la République meurt à Bruges le mercredi 10 décembre 1794 à l'âge de 19 ans.

Delhaye aimable

Delhaye aimable1

 

 

 

 

Les conscrits

Ces morts pour la Patrie de l'époque révolutionnaire sont un peu les oubliés de l'Histoire.

Rien que pour Bertry ce sont une trentaine de soldats qui trouvèrent la mort hors de France - Belgique, Pays-Bas, Suisse, Italie, Espagne Prusse-

"Quelques uns moururent de leurs blessures, mais la plupart de fièvre lente, nerveuse, putride ou même toxique. D'autres d'hydropisie*, un de typhus, un autre d'éthisie** et enfin de dysenterie. Ces décès s'échelonnèrent entre le 5 mai 1793 et le 31 mars 1814" - E; du Chesne-

 le cas de André Auguste Joseph Delhaye, en est un autre exemple.  Petit-cousin d'Aimable  (cousin issu de germain), né en 1774. Chasseur au 12è régiment. Il décède le 10 mars 1809 d'hydropisie  à l'hôpital militaire de Liège ***. 

Abbaye saint laurent

 

* Hydropisie : œdème généralisé.

**Ethisie : amaigrissement extrème.

***En août1789, la révolution éclata à Liège. L'abbaye Saint-Laurent vit passer l'état-major prussien venu rétablir l'ordre dans la cité, puis l'armée républicaine française considérée comme libératrice par la population, puis les troupes autrichiennes, victorieuses à leur tour en entrant dans Liège. L'armée française repris Liège alors que les moines s'étaient dispersés, beaucoup s'étant réfugiés en Allemagne. Les portes du couvent abandonné furent forcées pour y installer un hôpital militaire e1792. Le monastère fut officiellement fermé par le pouvoir révolutionnaire français en juillet 1794, et depuis cette date jusqu'à l'époque contemporaine, les bâtiments furent conservés grâce à cette mutation en hôpital militaire.

J'adresse un très Grand MERCI à Jacky Foubert pour m'avoir transmis ce précieux document relatif au décès d'Aimable Delhaye.

 

 

 
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